De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 6 août 2015

Une coccinelle dans l'évier


Une coccinelle dans l'évier, y a passé la nuit,
dans le canyon des assiettes empilées,
au pied de verres monumentaux
à moitié remplis d'une eau trouble
où nagent souvenirs et musiques noyées,
des projets fous, des rêves embrouillés,
le jour, si loin, incertain, naît à grand-peine
derrière le double vitrage,
traces de la dernière pluie, oubliée,
ficus et plante grasse, d'une immobilité parfaite,
à l'œil nu, mais non, tout échappe à l'œil nu,
j'ai beau scruter, je ne vois rien,
comme si j'avais été propulsé dans l'espace,
la ville est un entrelacs de toits, des miettes,
les arbres abritent des chants, leur sens m'échappe, 
mon esprit est une grande salle vide,
il n'y a personne, pas même une porte,
il faudrait que je cherche, mais fourbu,
un invisible merle s'évertue à annoncer
je ne sais quoi, catastrophe ou miracle,
je me déplace dans l'air ambiant,
poussière de drap secoué à la fenêtre,
pourtant je suis bien entré par une porte,
la lumière est blanche, clinique,
mais pas de néon, ni de lit chromé,
suis-je malade, des pas résonnent,
plutôt frottent le carrelage, le merle, envolé,
la catastrophe, ou le miracle, n'a pas eu lieu,
ou bien c'est fait, je ne sais rien,
ce qui arrive est si ténu, ou abrupt,
je me souviens, je parlais, me suis tu,
j'essayais de percer le secret du silence,
mais les paroles ricochaient sur les murs,
un vacarme assourdissant, une bouillie,
je prends la coccinelle, sauver la coccinelle,
la vie tient à cela, elle n'a rien demandé,
justement, la vie c'est ça,
on ne demande rien, on donne,
puis arrive ce qui peut, patienter,
elle se tient au sommet de l'index dressé,
d'un coup soulève ses élytres, sort ses ailes,
pourquoi hésite-t-elle, que veut-elle me dire,
que n'ai-je pas compris, le sais-tu,
je rejoins les arbres, le vent s'est tu, lui aussi,
je ne sais plus quoi faire,
j'espère me poser sur une feuille,
dans la grande salle vide, une voix chantonne,
cela devrait suffire pour atteindre le figuier,
de là, je verrai bien, il y a une porte, c'est sûr.

(6 août 2015)
Toulouse, 7 juillet 2015, 10h31. ©JJMarimbert


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