De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 16 août 2015

La fête bat son plein


La fête bat son plein dans la maison d'en face,
au cœur de la pinède et des rochers,
le bruit des vagues est couvert par les cris,
portes et fenêtres sont largement ouvertes,
des silhouettes s'agitent sur les murs d'une salle,
à la lumière d'une boule à facettes aux couleurs
criardes, d'un diamant empoisonné,
un carnaval macabre défie les dieux endormis,
est-ce la guerre, est-ce l'ultime bataille,
les morts vont-ils être jetés en pleine mer,
pour que l'oubli fasse son œuvre,
que les abysses soient jonchées d'amertume,
de remords vain, d'entrailles dilacérées,
une énorme masse tape sur le toit
prêt à s'effondrer sur lui-même,
aucun oiseau à l'entour, les chiens se terrent,
un seul ose aboyer dans le lointain,
sur la terrasse, une table, un couple enlacé
devant une bouteille de vin noir, des verres,
une immense tristesse coule sur la nappe
et inonde le carrelage orné de fleurs,
il n'y a que hurlements et sauts désunis,
unis dans une hallucination chaotique,
éphémère et illusoire revanche contre
le temps prisonnier d'un invisible forgeron,
les arbres se souviennent du soleil
qui tout le jour les a aimés, aimés
à faire craquer leur écorce,
les fleurs d'agaves prient sous les étoiles,
au large, un paquebot à l'ancre, illuminé,
guirlandes jaunes, rouges, coque blanche,
au bout du cap, le phare tourne sans fin,
la mer est d'huile au pied des remparts,
dans la maison d'en face, la boule à facettes
a disparu, une ampoule nue jette sur les visages
le voile blafard des lendemains anéantis,
la nuit cache quelques planètes égarées
sous des nuages clandestins,
des silhouettes s'évanouissent dans le jardin,
une moto démarre en trombe,
du silence qui suit s'élève une mélodie,
I feel like I'm clinging to a cloud,
elle ondule dans la brise du large,
la maison d'en face est éteinte,
le toit s'est envolé, le paquebot seul,
depuis le désert bleu nuit, reste éclairé,
le phare, à chaque passage,
le couvre de braises fraîches,
la fête bat son plein,
nous pouvons danser jusqu'à l'aube.

(16 août 2015)
Peñíscola, 15 août 2015, 6h57. ©JJMarimbert


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