De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 2 août 2015

Fuir au désert


Fuir au désert, quelle idée,
la nuit décoche en plein jour
ses dernières flèches noires, 
jouer les Alceste de cuisine,
arcbouter son dos à la fenêtre ouverte,
laisser passer les mouches affolées,
les échos de l'avenue engourdie,
ne plus rien voir ni dire, à quoi bon,
désert et silence ne sont qu'illusion,
abîme de pacotille, lubie de riche,
sans cesse le corps se jette au dehors,
les martinets crient, le robinet goutte,
un rayon de soleil troue le tapis du salon,
le motif berbère s'enflamme,
une branche de cyprès roucoule,
la gorge se noue, être ainsi, racines à l'air,
avide d'eau, de miel, de douceur,
l'enfant tient la plante arrachée, son trophée,
ses doigts sont rouges, il sourit,
il jette un regard vers la baie,
un bateau entre au port, agacé par les mouettes,
il caresse les pétales d'un bouton d'or,
une fourmi court sur la tige brisée,
le champ est si sec, les moutons étiques,
il secoue la terre accrochée aux radicelles,
les mouches tournent autour de la cuillère,
beurre, pêche de vigne, la vie,
le ciel est si limpide, les yeux se diluent,
il faut d'autres yeux, toujours,
Alceste est mort, Achab est mort,
je cherche en vain, je n'ai plus rien à dire,
quelle prétention, quelle lâcheté,
ne plus croire en rien, fuir au désert,
quel manque d'amour, quelle mascarade,
secoue le chiffon de ta poussière au balcon,
les cloches sonnent à tout rompre pour rien,
l'univers est dans ta poche, sous tes semelles,
partout le désert menace en toi,
tu es son messager, entre au palais,
annonce qu'il est mort, crie-le bien fort,
que tu finisses enfin par entendre,
le moindre rêve déplie les ombres,
les étale sur les toits, les parcs, les collines,
belle nappe blanche en vue d'un banquet,
les platanes font une haie d'honneur,
le corps se jette au dehors et te voit,
le désert n'est qu'un mirage au fond du puits.

(2 août 2015)
Toulouse, 17 mai 2015, 17h12. ©JJMarimbert


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