De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 8 juillet 2015

Sur le carreau de faïence


Sur le carreau de faïence, l'ombre d'une main
fait signe et, légère, palpite quelques secondes,
suspendue dans un espace imaginaire et flou,
ni rêve ni hallucination, simple présence têtue
au creux de son néant, cette main si familière
qu'elle s'impose partout, danse des doigts fins,
gais et sautillants, ailleurs à peine apparus,
le carreau blanc reflète les toits, les fenêtres,
le figuier, le jardin, spectre pâle de la réalité,
on pourrait presque voir les oiseaux plein ciel,
mur de la salle de bains couvert d'une fresque
bleutée, paysage d'une peinture hollandaise
ou italienne, derrière des personnages figés,
regards tournés vers l'invisible, l'inaccessible,
souvent des mains, blanches, fragiles, posées
sur un coussin de velours rouge, un livre noir,
le temps est écartelé, le paysage ondule, neuf,
il se lit comme les lignes de vie, les yeux clos,
ou mains tendues vers, en attente d'un regard,
tu sais, cet appel du vide soudain créé, souffle
coupé, le corps se fait tout petit dans la paume,
le moindre contact relance l'univers, pichenette
divine à chaque instant, être au bout des doigts,
tout au fond, halo bleuté de Léonard, des cyprès,
une petite route serpente, des animaux broutent,
le ciel est si pur, définitivement pur, et les mains
bougent un peu, il suffit que j'avance la mienne
pour effleurer l'ombre de celle qui a disparu, là.

(8 juillet 2015)
Toulouse, 8 juillet 2015, 9h23. ©JJMarimbert


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