De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 17 juillet 2015

Sur la balançoire des jours


Sur la balançoire des jours, jamais rien ne revient,
tout s'épaissit, fusionne, on n'y comprend plus rien,
c'est tant mieux, l'illusion de lumière fait de l'ombre
à l'innocence, au chant du merle congédiant la nuit,
au regard des enfants et des chiens, elle recouvre
tout de clinquant, pour nager il faut bien perdre pied,
quelle inquiétude, le ventre se noue, bouche sèche,
les bras battent l'eau, jambes dans le vide, horreur,
les yeux cherchent un appui, une corde, un rocher,
que se passe-t-il, égaré dans le labyrinthe de la vie,
je joue les Dante de quartier, avec pour seul guide
la ligne des lampadaires de rue, chemin de halage
connu de mon corps, je sillonne la ville, quelle joie,
ce trottoir où je courais enfant me salue, je trébuche
sur la même pierre au bord du Canal, suis partout
et nulle part à la fois, je croise des visages connus,
lointains, de l'autre côté de quoi, insondable galerie
creusée par chacun, s'y perdre pour s'y découvrir,
soudain croiser un regard, voir l'entrée et avancer,
faire un pas, deux, trois, hors sillon, hors du temps,
tout ouvrir, nager, nager à toute force vers une côte
inaperçue, devinée, espérée, au large une falaise,
enfin, je crois, j'ai la même dedans, grimpe un peu,
mes doigts saignent, ongles cassés je pars au large,
me laisse porter par la houle, respire un bon coup,
c'est trop haut, sur la crête, un enfant maigrichon,
il me toise, aucun lampadaire de rue en pleine mer,
il me donne des forces, oui, là-bas, d'autres falaises,
d'autres enfants toisent d'autres nageurs, les vois-tu,
je m'assois à une terrasse, mes pensées roulent ici
et là, je cherche les mots, le bois flottant, tu le sais.

(17 juillet 2015)
Toulouse, 1er juillet 2015, 18h06. ©JJMarimbert


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