De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 5 juillet 2015

Peut-être faut-il marcher


Peut-être faut-il marcher au bord d'une falaise,
sentir sous ses pieds crisser, rouler les cailloux,
un faux-pas suffirait à donner raison au vent,
il lèche la paroi, rejoint les grands pins parasols,
la roche rouge en éboulis finit par se jeter à l'eau,
bleu noir, apercevoir une orange qui va et vient,
mollement soumise aux remous, le vent tourne,
s'asseoir et, agrippé à une racine, se pencher,
ici ou là un oiseau, une guêpe, le vent murmure,
fermer les yeux, attendre, le soleil pique la peau,
résister, soudain surgissent d'on ne sait trop où,
en cohorte chaotique, des échos du lointain,
ouvrir les yeux, leur barrer la route sans regret,
ils m'assaillent, ne me laissent jamais en paix,
je suis la falaise, je suis assis au bord du vide
qui me définit, et voudrais seulement respirer,
me taire, tout en bas, l'eau clapote gaiement,
le vent soulève un tas de questions mortes,
l'horizon est indifférent à tout, voilier, cargo,
prendre appui sur le vent, redevenir poisson,
rayer l'homme, ou oiseau, aimer le vent, l'eau,
lâcher la racine, tenir, jeter une pierre, écouter
sa chute, tenir, douceur du vent, d'une main
sur le corps en suspens, tout cela n'est rien,
je me relève, cherche l'ombre d'un grand pin,
l'air est sec, chargé d'un parfum épais, algues,
coquillages, herbes des rocailles, ne pas penser,
laisser courir l'enfant, ne pas fermer la porte,
danser au bord de la falaise, inventer le jazz.

(5 juillet 2015)
Hendaye, Baie de Loia, 21 août 2014, 18h29. ©JJMarimbert


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