De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 9 juillet 2015

L'arbre est fendu


L'arbre est fendu, cime cassée par la foudre,
surpris dans son sommeil, l'orage de la nuit
ne respecte rien, ni les roches, ni les brebis,
ni les toits, ni les enfants, les torrents gorgés
d'eau achèvent de tout balayer, racines à vif,
l'arbre attendait, il abritait de ses branches
hautes et basses, depuis des lustres, hélas,
nids et course folle des écureuils, brouillard
accroché aux ramures les plus fines, rêves,
il est entaillé jusqu'au sol, ou peu s'en faut,
quelle hache faudrait-il pour telle besogne,
la sève épaisse coule en longues traînées
jaunâtres frangées d'imprudentes fourmis,
l'écorce déjà fuit le tronc, le soleil craquèle
le bois mort, l'arbre a l'air étonné des morts
surpris d'avoir été choisis, alors que l'avenir
souriait, pour quitter les lieux, plus de lieux,
plus de saisons désormais, que peut penser
un arbre au moment où l'éclair cisaille l'air,
tout tremble, les troupeaux affolés courent
en tout sens, l'arbre est si majestueux, rien
ne peut l'abattre, hors une épée de lumière,
fermant les yeux, tandis que la pluie dévale
la rue et file vers le Canal, pourquoi l'image
de cet arbre, vu il y a des années, s'est-elle
imposée à moi, je me revois courant, jetant
mon piolet, m'abritant dans un trou, réalise
que je n'en suis jamais sorti, de cet orage,
je protégeais mon visage, dérisoire parade,
et quand le tonnerre a éclaté, l'arbre a crié,
comme si une cathédrale s'était effondrée,
oui, je l'entends résonner dans mon crâne.

(9 juillet 2015)
Toulouse, Cathédrale Saint Étienne, 27 mai 2015, 1627. ©JJMarimbert


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