De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 7 juin 2015

La nuit 89


Incessant retour de la nuit, étonnante, elle s'ouvre
plus ou moins, fenêtre ou porte, au coin d'une rue,
elle sculpte mains, visages, à l'ombre d'un regard,
le reste est bleu ou jaune, les talons piquent le sol,
vifs, mystérieux, ils cousent la ville à la machine,
les pensées volent, rejoignent la vapeur des arbres,
solitudes enlacées, rêves en marche, oui, à bientôt,
dans le jardin, lutte infinie des insectes, des chats,
sous le palmier, la dentelle des spectres amoureux,
mais le gravier de l'allée craque, retour de la nuit,
fait s'envoler un merle piaillant, il frôle les feuilles,
qui, pourquoi, un chien malade, un maraudeur, non,
la chaleur de l'été précoce dilate l'air des poumons,
les nuages secs et les bulles à la surface du Canal,
le revoilà, se pose sur le drap, bec à l'affût de tout,
quelle avidité, quelle leçon de vie, que cherche-t-il,
le temps tourne, odeur de pluie, de tilleul, de terre,
un frisson court sur la peau et l'univers en tremble,
chuchotis des galets aspirés par une eau invisible,
vaguelettes nocturnes, qu'y a-t-il dessous, je vois
des yeux ronds, des laminaires, le reflet d'un port,
le merle s'enfuit en râlant et fonce dans un cyprès,
à terre, un livre dans le halo du lampadaire de rue,
la nuit est un coquillage, vaste et profond, tu sais,
et, sans le murmure de nos mains, fermé à jamais.

(7 juin 2015)
Toulouse, Canal du Midi, 7 avril 2015. ©JJMarimbert


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