De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 2 juin 2015

La nuit 86


Tentative de nuit, se jeter les yeux ouverts,
mains tendues, accueillir le vent, se jeter là,
immobile, à l'affût, tout passe si vite, la vie,
la grande houle malmène le volet, le destin,
il tape à rompre les gonds, les cyprès fous,
la rue est ivre, le ciel va se fendre en deux,
il faudrait se lever, fermer crâne et fenêtre,
vite, au lieu de quoi, rien, paupières sèches,
les écaillures du plafond dilacèrent la rétine,
à force de racler le fond des questions nues,
les livres sont lus et relus, les vêtements las,
y a-t-il donc si longtemps que la pluie tombe,
un vieil orage égaré n'a jamais rejoint le large,
il y a une grande faille, la fenêtre est déchirée,
l'océan se rapproche, se jeter les yeux ouverts,
là, s'envoler, l'immeuble, une pastille de béton,
la rue, un trait, en bas le fleuve lèche les quais,
un petit bateau suffit, au fil de l'eau, en un rien
de je ne sais quoi, oui, l'Atlantique et Lisbonne,
sauter du côté de Belem, les terrasses scintillent,
port bien gardé, de doux pastéis, du vinho verde,
s'asseoir, attendre, c'est si loin, mais quelle joie,
il faut du courage, oui, pour traverser l'horizon,
à couper l'iris, venir de l'autre bout du monde,
la rue frissonne, les talons claquent gaiement,
des pas dans l'escalier, et la clef, est-ce la clef,
le vent s'est adouci, le halo de lumière flotte,
comme le drapeau d'un trois-mâts, enfin rêver,
je te l'avais dit, sur le Tage, tout est possible.

(2 juin 2015)
San Sebastian, 22 août 2014, 16h18. ©JJMarimbert


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