De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 18 mai 2015

La nuit 84


Vouloir en finir avec la nuit, quel crime,
quelle lâcheté, l'idée ronge déjà les murs,
alors en finir une bonne fois pour toutes,
autant couper les ailes du papillon bleu
pris dans le rideau, pli meurtrier, piège,
tunnel de coton, lutte inutile, l'abdomen
tremble, se débat, au bout, noirceur, jour
nié, ailes ternies, transparentes nervures,
fragilité des antennes, ultime palpitation,
mais ce n'est pas la nuit, la fraîche nuit,
nul refuge plus secret, ni joie, ni chagrin,
ni espoir enveloppés de tendresse, repos,
corps traversé d'éclairs, il vise une étoile,
le jour y perdrait sens, errant, hirsute, vite
englué dans une lumière écrasée, consumé,
à la torture, les yeux crevés dégorgeraient
les couleurs passées des teinturiers de Fès,
que faire de ces mondes ébauchés, bricolés
dans la tourmente et la douceur des draps,
des profondes forêts sillonnées en tout sens,
épié par mille yeux malicieux, scintillants,
des villes surgies autour du lit, joyeuses et
bigarrées, dans le chahut de terrasses bondées,
des voyages à venir, nous pourrions y perdre
et découvrir un chemin, rire de nous, du sang
versé dans des combats d'épées de bois peint,
de tes lèvres posées sur les miennes, des mots
inventés pour l'occasion, des chants de vallée
en vallée, derrière la fenêtre, les yeux fermés,
des énigmes irrésolues, aussi vite oubliées,
du silence de la rue sous un vaste ciel marin,
aussi mystérieux que la peau, tu le sais bien.

(18 mai 2015)
Toulouse, 3 mai 2015, 7h36. ©JJMarimbert


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