De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 7 mai 2015

La nuit 82


Jamais nuit n'a tant duré, de l'attente infinie,
attente de l'enfant, femme homme qu'en dire,
du vieillard égaré en ce monde, c'est si long,
mais l'enfant joue sur son oreiller de rires, et
jette au champ des graines d'arbres inconnus,
l'homme serre en ses bras l'existence à venir,
tout se bouscule, sur les chemins caillouteux,
des files de soldats vaincus, ridés par l'acier,
les souliers raclent le sol, ou bien les ongles,
les draps s'ouvrent enfin, les fenêtres parlent,
sur le cahier, l'enfant écrit et souligne la date,
au tableau, lettres parfaites, statues de craie,
les doigts tremblent toujours devant l'idéal,
mon corps soudain cherche la fraîcheur nue,
à moitié endormi, pâteux, au bord d'un étang,
balbutiant, brume de la précédente accrochée
aux arbres, à l'eau noire, aux ailes des hérons,
à la gorge et aux cils, jamais nuit n'a tant duré,
qui semblait la dernière, nuit étirée toute la vie,
moulin tibétain dévidé à toute vitesse axe fou,
des paroles diffuses embaument la chambre,
l'idée rôde, fiel, au pied du lampadaire de rue,
dernière nuit, rien, n'ouvre que sur elle-même,
au terme d'un vertige abyssal, nuit de la nuit,
balayée d'un revers au jugé, les yeux brûlants,
dans la rue les cyprès, penchés contre le ciel,
ta voix chante dans le vestibule, belle nuit,
une joie sans nom me tient par les cheveux,
étonné d'être ainsi suspendu au-dessus du lit,
je survole mers et montagnes, ne sachant où,
quand, s'achèvera le voyage, ni toi non plus.

(7 mai 2015)
Toulouse, place Saint-Étienne, 6 mai 2015, 16h12. ©JJMarimbert


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