De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 25 mars 2015

La nuit 73

Est-ce la nuit, vain refuge du fou, de l'être errant
le cri, corps jeté, lucide à tout brûler, terre, lune,
dehors, ballet des géomètres aux ailes graciles,
lampadaire agacé, casqué d'ombres immobiles,
le ciel, derrière les arbres, est profond, si épais,
des phares d'un coup les font se dresser, hirsutes,
est-ce la nuit, muette est la rue, la parole tombe
en pluie sèche, non, le sable envahit la chambre,
est-ce moi qui parle, sont-ce les rêves de Gogol,
Il m'est arrivé aujourd'hui une étrange aventure,
tout s'est mis à dériver, terrain mouvant des mots,
le dey d'Alger, verrue sur le nez, quelle histoire,
garde-corps franchi, je monte et descends la rue,
te souviens-tu, devant, toujours devant, cherche
la tache bleue, à l'horizon, mais la nuit, tu sais,
tu croises un vilain chien, il fait allusion à toi,
à tes cheveux, du foin dit-il, où prend-il cela,
le cerveau n'est pas dans le crâne, est apporté
par un vent qui souffle de la mer Caspienne,
est-ce bien cela, les cyprès dodelinent du chef,
je ne suis pas allé en Arizona, une nuit j'irai,
je fouille et scrute le sous-sol, qu'en reste-t-il,
un long tunnel, un boyau, un fil torsadé et nu,
de cet abominable langage, phrases tronquées,
brouillon de dessin, comme moi, mais au-delà,
je n'ose, esquisses, ébauche de visage, un trait,
routes et paysages, la nuit m'ouvre la voie, oh,
la beauté jamais ne se donne au jour, tu le sais,
fragile, et si légère, elle a le velouté de ta voix.

(26 mars 2015)
Toulouse, Métro, 24 mars 2015, 11h06. ©JJMarimbert


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