De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 24 mars 2015

La nuit 72


Profonde est la nuit lorsque le chemin,
des regards l'écheveau tissé d'impatience,
est semé d'abîmes, soudain perdant pied,
cherchant à tâtons la moindre aspérité,
s'offrent de fines branches, leur ombre,
s'accrocher, peine perdue, le volet tremble,
souples, insaisissables, elles giflent l'air,
le visage, défilent alors, saccades floues,
dans le cliquetis d'un projecteur au rebut,
des bribes éparses, couleurs et sons mêlés,
sur la rugosité d'un à-pic intérieur, peut-être
gorge ou œsophage, rétines exaspérées,
parole envolée dans l'égarement des éclairs,
main perdue dans les plis d'un rideau,
aboiement d'un chien prisonnier du hasard
et livré aux cailloux, qui disparaît au loin,
pourquoi ces rires exténués, ces rires nus,
cette joie sauvée du vide, au fond des yeux,
corps enlacés surpris par le Vésuve, alors
reprendre le chemin, sauter le garde-corps,
traverser des villes inconnues, je suis là,
caresser une épaule et retenir son souffle,
au bout de la langue une peau étrangère,
si douce que s'endormir serait un crime.

(24 mars 2015)
Toulouse, 24 mars 2015, 7h42. ©JJMarimbert


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