De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 9 mars 2015

La nuit 67


La nuit, toutes les tragédies se nouent,
il n'est question ni d'heures, ni de minutes,
obsolètes repères d'une réalité vacillante,
les lieux glissent les uns dans les autres,
l'urgence est la règle, le raccourci prévaut,
la lenteur étire alors les paysages, les pièces,
l'essentiel est mis en scène, sans fioritures,
une main, un visage, une phrase lancée au ciel,
des pas sur une terrasse bordée de rideaux,
à tout instant des émissaires entrent et sortent,
à chaque seconde une rupture est possible,
ce qui un moment est lié à je ne sais quelle
nécessité vitale, si profonde qu'elle échappe
au sens commun, je m'y perds m'y retrouve,
voltigeant ici et là comme chez moi, sans moi,
soudain se défait, des pans entiers s'effondrent,
au loin poussière, nuages, bruits de galop,
jamais les oiseaux ne chantent ainsi le jour,
les arbres ne se laissent caresser par le vent,
les bouches, les yeux, inconnus, appelés,
familiers ou entrevus, et toujours tu es là,
les paroles sont la vie, tendres ou écorchées,
des batailles se livrent, en mer, en plaine,
sans armes, sans vainqueurs, sans morts,
le lit est un refuge, la nudité un monde,
les corps s'affolent, s'affrontent, s'aiment,
dans le murmure des voix enlacées, la nuit.

(9 mars 2015)
Toulouse, 9 mars 2015, 21h19. ©JJMarimbert


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