De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 13 février 2015

La nuit 59


Cette nuit j'ai trouvé la clef d'une énigme
évaporée dans la pénombre, rien n'y a fait,
elle m'a tenu les yeux ouverts jusqu'à l'aube,
je voyais des citronniers, des oliviers bleus,
les racines trituraient une épaisse terre noire,
je marchais sur une petite route, sinueuse,
était-ce une île, allais-je atteindre le désert,
ciel de papier fripé, reflets d'argent et d'eau,
pourquoi étais-je seul, si vieux, à marcher,
l'instant d'après, ma voix était d'un enfant,
claire, mais les mots, terribles, résonnaient
dans la chambre, l'espace volait en éclats,
qu'avais-je enfoui et piétiné de si brûlant,
je lisais sur mes lèvres, tout allait trop vite,
puis l'inverse, silence, les paysages défilaient,
je revoyais la Grèce, la région de Ghardaïa,
les dunes de Merzouga et l'oasis d'El Golea,
un village de Tata Somba, l'île de Zakynthos,
un bric-à-brac incohérent, j'ai dû me lever,
l'eau avait un goût amer, j'ai tiré les volets,
les toits flottaient, cyprès, rues, lampadaires,
la ville surmontée d'un halo jaune, orangé,
ciel insondable, et au-delà, collines, champs,
forêts, montagnes, je n'étais nulle part, jamais,
prétentieux au point de croire que j'existais,
mais non, qu'avais-je détruit de si fragile,
fenêtre ouverte, le froid m'envahit peu à peu,
je me sentais bien, apaisé, énigme évaporée,
j'ai retrouvé le lit, j'aurais aimé t'en parler,
mais qu'est-ce, sinon l'horizon qui tremble,
tandis que partout la guerre fait rage et tue.

(13 février 2015)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire