De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 11 février 2015

La nuit 57


Toute une nuit, blanche, belle image du vide,
mais, et la baleine alors, un vide envahissant,
inépuisable, harpons tordus, lambeaux de filets,
cordes arrachées aux barques, un trou dans l'âme,
vite, chercher, ici ou là n'a aucun sens, la voir
c'est la rater, la fixer ne plus bouger, nuit pâle,
j'ai un miroir de poche, capte les reflets du halo,
lamparo de rue, dehors dedans, tirer, sentir vibrer
la lumière, une rayure à peine, et le petit miroir
balaie la pièce, je vois tout, sommeil terrassé,
tant de choses éteintes, je tourne un peu, voilà,
sur le bureau, lettres immaculées, cachetées,
il y a belle lurette que, plus jamais je n'ouvre,
je n'attends plus, j'essaie de deviner, pour rire,
la nuit est une lettre blanche, pleine à craquer,
ventre bombé, Jonas déambule, ivre, désœuvré,
alors ouvrir, le miroir passe d'une lettre l'autre,
avec au fond des livres, souliers de Van Gogh,
semelles blanches maculées de terre et de vin,
lire dans un champ labouré, soc affuté, à l'os,
la nuit tout est possible, ou, navigation à vue,
un trident à bout de bras, le mur blafard crie,
je balaie, la fenêtre n'en mène pas large, close,
je suis en pleine forme, elle va s'ouvrir, sûr,
souquez ferme, Moby Dick en vue, je tombe
sur une feuille à terre, froissée, glisse encore,
le drap, blanc, des plis, corps dessous, figé,
corps debout, silence de la houle, je me tais,
main crispée, le petit miroir, épuisé, gouffre,
un œil, dardé, mais quoi, voit tout, même toi,
la nuit s'éteint, belle nuit blanche, où es-tu.

(11 février 2015)

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