De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 9 février 2015

La nuit 54


La nuit toujours se gagne sur la houle,
puissant chaos des remous, cœur du temps,
le corps étendu, étiré, fusionne avec le tout,
d'invisibles pores suinte le trop-plein,
peu à peu la peau se teinte d'ailleurs, lasse,
au dedans, des villes grouillent, des océans,
des forêts tremblent, bestiaire immémorial,
je me vautre dans les cris d'amour, ivre d'os,
de muscles et de muqueuses, parfums enfouis,
je n'entends plus le bruit du monde, là-bas,
à peine un murmure, les voix de toujours,
tous ces mots inutiles, incompris, brûlés,
ces murs dressés, dans la bouche du sable,
sable encore dans les yeux et les poumons,
j'ai perdu le sens, la nuit se gagne sur le vide,
exposer l'envers dans le silence de la chambre,
attendre, écouter, en toute voix se cache, tue,
la profonde douceur étouffée, trahie, bafouée,
mais toujours là, que la houle triture en vain,
en pleine nuit, naïveté de l'être émerveillé,
le vent déchire la crête des vagues, hurle,
rien n'y fait, colère noyée, haine dissoute,
les yeux ouverts dans la pénombre rayée,
ne croire en rien, en personne, sauter le pas,
du creux béant laisser surgir l'attente pure,
ainsi flotter dans des hoquets de tendresse.

(9 février 2015)
Toulouse, Métro, 6 février 2015, 7h43. ©JJMarimbert


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