De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 2 décembre 2014

La nuit 21


La nuit, la lumière est sculptée par les choses,
à l'inverse du jour, je le vois bien, les reliefs
hésitent, chancèlent en battant de l'ombre,
les plis du drap et de la couverture collent,
et le halo jaune, parfois bleu, mouvant si
passe une voiture, rouge fugace, le halo
s'étale et se dissout sur la laine, s'accroche
aux motifs, carreaux, losanges esquissés,
tout n'est qu'ébauche, les livres à terre,
que le hasard a réunis, se jouent des lignes,
pâles et sillonnées de lettres, la lampe
brille à peine, les étagères se perdent
au loin, mes mains, je les remue à peine,
il y a comme un relent d'église fermée,
de vitraux ébréchés, et tout là-bas les pieds
d'un gisant dessinés par le marbre du lit,
alors je ferme les yeux, j'entends des pas,
ils résonnent dans la nef du bureau,
ce tabernacle de mes secrets infimes,
si je l'ouvre, c'est demain qui s'éclaire,
sur ces carnets sont inscrits l'avenir,
les projets, les jours pleins de beaux rires
inventés, de courses folles au bord de l'eau,
de chants repris par des voix d'enfants,
de robes bariolées fripées par le vent,
quand les mouettes scrutent l'horizon,
les tiroirs débordent de ce qui est à vivre,
et le halo du lampadaire, filtré par le volet,
modèle une planète inconnue, je n'ose plus
bouger, ni même respirer, tant ce mirage
est fragile, j'en fixe les contours, souris
à l'idée de me lever, demain, pour étonner
le monde, fêlé par le temps, déjà sec.

(2 décembre 2014)
Toulouse, 29 août 2014, 23h10. ©JJMarimbert


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