De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 10 novembre 2014

Sauvage ontologie 30


Lentement s'effondre le mur de l'enfant,
il court, s'arrête, souffle haché,
ne reconnaît plus les lieux, il crie,
à l'infini des voix, le magma des désirs
broyés, l'air est vif, tous ces chemins,
où mènent-ils, une main, mais non,
il n'est plus enfant, une main ce n'est plus,
est-ce un leurre, un piège, une menace,
mais l'enfant n'a pas connu de mains
autres que les siennes, serrées contre son ventre,
salies de terre, de salive, de sel des galets,
là, l'enfant n'est plus, et cette main,
elle parle à l'être, elle est la parole silencieuse
des corps étendus, lavés, l'enfant n'est plus,
l'être s'étonne, puis il retombe, quelle main,
l'enfant ne voit plus rien, il s'entête et repart,
les chemins sont pentus, accrochés aux racines,
il n'y a pas de sommet, alors monter,
descendre, chercher, d'autres mains,
et des yeux, les yeux sont des puits,
des sources, des torrents, les yeux,
l'enfant scrute la nuit, le jour,
il ne peut voir ses yeux, en a-t-il seulement,
qui pourra le lui dire, il se remet à courir,
naïf, mais l'enfant n'est plus,
et l'enfant court toujours, pourtant,
l'homme cherche l'enfant, l'être se tait,
l'être se cache, il ne veut plus sortir,
c'est fichu, tout ça, les mains sont froides,
les yeux de marbre, de statues
décolorées par les embruns, là-bas,
l'être peint des yeux nouveaux,
des yeux marins, des yeux perdus,
il va les prendre, les tenir
contre son ventre, mais l'enfant n'est plus,
l'homme serre les yeux contre
son ventre d'homme, contre son sexe,
son souffle, son inépuisable chaleur,
et l'être attend, guette les lueurs étreintes,
ne craint pas le vide, l'enfant n'est plus,
l'enfant ne meurt pas, il ne meurt jamais,
pensait-il, au beau milieu
d'une place avec une fontaine,
un parvis, des terrasses, des arbres,
des oiseaux, des visages lointains.

(10 novembre 2014)

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