De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

samedi 1 novembre 2014

La nuit 8


Cette nuit, enfin, celle-ci, une autre,
je ne sais plus très bien, parfois je vis
des nuits d'avant, mais quand, la nuit est,
une, indivisible, les jours changent,
les jours sont des leurres, alors que
la nuit, c'est un peu moi, à la loupe,
je veux dire trois fois rien, mais,
simple ouverture, porte, peut-être,
et cette nuit, le vent agace les volets,
comme s'il voulait me dire quelque chose.
Je sais bien, c'est un peu ridicule,
mais, à part le cadre pâle de la fenêtre,
que je fixe de côté, attrape au vol,
et le bruit du vent, d'abord murmure,
petit sifflement, puis affirmé, têtu,
il n'y a que moi, c'est peu, je l'accorde,
impalpable filet coulant de ci de là,
alors je tente d'éviter le piège
du vertige, la tentation du vertige,
la fascination du vide,
aspiré par le chaos abyssal de
mes amours disloqués, quoi d'autre,
auxquels je suis toujours ramené.
On naît, on aime, tout commence.
Va pour le vent, il me parle de la rue,
et j'imagine la tête ébouriffée chahutée
des cyprès bleus d'Arizona,
quel beau nom, je m'accroche à Arizona,
bouée lancée par je ne sais qui, non,
je fais mine de ne pas savoir, je sais,
espérant que le vent me poussera
vers ses paysages grandioses,
Grand Canyon, cactus, pistes rouges.
C'est ainsi que, souvent,
je connais bien la région,
en couleurs, en noir et blanc,
je finis la nuit dans la poussière
d'une diligence, assis en face de toi.
Ah, le vent semble s'être calmé,
ce n'est pas trop tôt. Je me demande
si tu dors, dans le vacarme des roues.

(1er novembre 2014)

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