De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 25 novembre 2014

La nuit 17


Cette nuit, penché sur mon destin,
pour en trouver la clef ou la blessure,
j'ai franchi des portes en trompe-l'œil,
emprunté des couloirs ambigus,
échangé çà et là des mots inconnus,
avec des êtres bigarrés et fluides,
contre d'étranges regards oublieux,
vu courir un enfant derrière son vélo,
qui lançait au ciel une contine italienne,
onduler sur le sable un bousier ivre
de soleil enfoui, aussi noir qu'un tunnel,
rassemblé l'ombre d'un grand dattier
au creux de ma main rouge de latérite,
ri avec un ami de la vanité des dieux,
des marchands et du chant des cigales,
senti sur mon visage la caresse veloutée
de lèvres auréolées de néroli,
et sur mon ventre et mon sexe
la douceur d'une peau intérieure,
écouté la litanie des leurres enrobés d'or,
marché sur des pieds de corbeau,
tenu le bras d'une vieille folle édentée,
échoué sur la rive d'un fleuve en colère,
je me suis penché un peu trop,
voulant voir les poissons, les tortues,
les nuages d'alevins téter le pain pourri,
alors mes yeux ont roulé sur l'herbe
et sont tombés dans l'eau, j'ai vu les arbres,
les mouettes, si loin, qui affrontaient le vent,
alors j'ai su, il me fallait attendre, m'accrocher
à leurs cris, seul moyen d'atteindre l'océan.

(25 novembre 2014)

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