De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 5 septembre 2014

Sauvage ontologie 15


La nuit toujours la nuit
se lever tout éteint sortir
à tâtons chambre moite
la lumière blesse le corps
impatient faire voler le drap
la couverture à terre en boule
un petit livre rectangle pâle
boire un verre d'eau fraîche
la cuisine s'ébroue table carafe
étagères laquées boîtes de thé
plafonnier planche à pain
rien ne bouge pourtant si
les feuilles ficus misère
tournées vers l'être au centre
de la pièce pieds nus visage
écrasé dans l'évier vaisselle
sale ranger demain là non
le verre est bu d'un trait
sortir détaler que faire
partir mais où très loin
ne jamais revenir ou alors
la nuit à nouveau la nuit
lit défait draps humides la nuit
le froid d'un coup sur les murs
porte-fenêtre halo du lampadaire
de la rue ouvrir la nuit partout
le froid entre oui avoir froid
l'être butine les fleurs de peau
frotter la peau lumière jaune
souvenir de caresses enfuies
de lèvres de murmures étouffés
soudain se dessine la crête pâle
des cyprès bleus des maisons
la nuit meurt les paupières brûlent
se recoucher mais la nuit est là
sur l'oreiller l'attend toujours
dans la bouche dans le ventre
les mains cherchent le jour
ne trouvent que le hasard
des rêves en morceaux
éparpillés sur le plancher
finissait-il de ranger
le linge repassé de frais
table et fer dans le dressing.


Humeur chagrine
ici là sauterelles bleues
et petits papillons fuient
devant les sandales défaites
une buse plane dans la brume
cloches d'un lointain troupeau
cailloux jetés aux arbres
doigts mouillés langue salée
boutons d'or au fond des yeux
et la pluie dedans dehors
fine sur le visage perdu
collé au ciel et à la terre
secousses des larmes passées
corps mémoire des jouets cassés
le hoquet serre le ventre
au rythme des coulées de lave
lèvres et narines tremblent
tristesse du monde inconnu
de la tendresse évaporée
chagrin des torrents cachés
au cœur des failles rocheuses
sous les fougères et les orties
chagrin refuge aussi chaud
que duvet d'oie sauvage
pour l'être enfant projeté
dans le vide et la solitude
admirait-il la nuit clouée
à sa fenêtre en sifflotant
pour éloigner le froid.


Forte houle monstre des mers
se fracasse sur les rochers
sculpte les falaises hautes
piquetées de nids grouillants
criards fous de Bassan blancs
poignards maquillés de soleil
explose nuage d'écume en pluie
retombe sur la dentelle des algues
les hérissons de mer brillent
dans le vacarme du ressac
griffent l'eau fragiles piquants
tandis que bigorneaux praires
et patelles collent à la pierre noire
l'océan bat la terre hurle gronde
chahuté par les caprices du vent
inlassable et profond mystère
où la vie grouille invisible
se nourrit de combats silencieux
ténacité de l'être alevin ou baleine
tire sa force des courants contraires
plongea-t-il sa cuillère dans
le miel de citronnier d'Espagne.

(5 septembre 2014)

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