De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 10 septembre 2014

La Fourche (extrait)


Tous les matins
Maman Maman
la nuit.
Un vieux ne dort
pas jamais le matin
fin de nuit peur
de s'enfoncer elle dit.
Pourtant du coin
de l'œil à peine
ouvert je la regarde
tête penchée lunettes de
traviole bouche
vide creusée 
ses lèvres
flottent elle dort.
Moi j'allume tôt
le noir me porte
au cœur.
Elle se plaint, ses yeux
coulent sa tête ceci
dos reins cela à
gémir une scie.
Comme si elle était
seule. Diable pas une
vie. Une chambre à moi mais
on ne choisit pas.

J'ai beau demander
se regardent en blanc
devant les lits cahiers tuyaux
en caoutchouc dans
les oreilles écouter dedans et
le reste tripotent discutent et
rien. Je parle tout
bas n'ayez pas peur ils
disent c'est à cause de l'autre je
dis quoique j'ai essayé
de lui parler sourde
me regardait voilà tout
fixement.
Parfois l'attachent
gaze nouée
barreaux ils ont
le coup attrapent chevilles
poignets bouclent des
bracelets de
cuir. Elle tire tire ça fait mal elle
s'arrête me regarde
grimaces qu'est-ce que j'y peux
ferme les yeux ne bouge pas des fois
que. Ils ne se gênent pas c'est
bien fait. Parfois se lève pisse par
terre une vache ne sent rien ses pieds
mouillés ceps de cire
tordus trop court et file
dans le couloir à l'office
à trois heures
du matin mon Dieu.

La Fourche, extrait (Destin d'un ange, suivi de La Fourche, Éd. du Cygne, 2012)
Jean Cantaloup, Torremolinos, 1969 (détail)


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